Faire sa comptabilité soi-même : une bonne idée ou pas ?

Vous êtes sur le point de créer votre entreprise ? Vous souhaitez alléger les coûts administratifs en réalisant la tenue de la comptabilité vous-même sans aide extérieure ? Sauf si vous détenez un diplôme comptable, voilà des situations qui méritent de prendre le temps de regarder ce que dit la réglementation.

Quelles sont les obligations légales en matière de tenue de comptabilité et de déclarations fiscales ?

Autant la comptabilité en TPE ainsi que la fiscalité comportent des règles précises à connaître, autant aucune loi ne définit comment l'entrepreneur doit s’y prendre. L’important est de respecter les obligations en matière de type de documents et de déclarations. Ainsi, rien ne vous contraint à recourir à un professionnel comme un expert-comptable.

Donc, pour répondre à cette question simple, oui, vous pouvez suivre votre comptabilité vous-même. Du moins en théorie ! Nous allons vous expliquer pourquoi cela peut entraîner des risques pour votre entreprise.

Que signifie exactement tenir sa comptabilité tout seul selon le type d’entreprise ?

Bilan comptable simplifié, système de base, pas de tenue comptable intégrale, etc., les cas de figure sont nombreux. Ajoutons aussi la notion de comptabilité d’engagement ou de comptabilité de trésorerie. N’oublions pas les obligations de dépôt des comptes annuels, notamment pour les sociétés commerciales (SAS, SASU, SARL, EURL, etc.), ainsi que pour les entreprises individuelles hors régime micro-BIC et micro-BNC.

Plusieurs règles se superposent et vous devez faire le tri, en fonction de votre statut juridique, de votre régime fiscal, de la taille de la structure, voire de votre activité. Or, en tant qu’entrepreneur, vous manquez probablement d’expertise en comptabilité. Donc, tenir ses comptes seul peut représenter un travail plus ou moins étendu et complexe, en fonction du cas de figure de votre entreprise.

Par exemple, une entreprise individuelle (EI) soumise au régime du micro fiscal présente des obligations comptables limitées à sa création. Avec seulement un suivi chronologique des ventes encaissées (et parfois un même suivi des achats), la comptabilité peut aisément se faire sans aide.

Dès que cette micro-entreprise franchit les seuils de chiffre d’affaires de la franchise en base en matière de TVA, elle doit facturer cette taxe et établir une déclaration de TVA. Pour certains entrepreneurs, ceci reste accessible. Pour d’autres, se faire aider d’un expert fiscal devient alors nécessaire.

Se lancer soi-même dans la gestion administrative et comptable d’une société exige de se poser plusieurs questions au préalable. Quelles sont les obligations exactes liées au statut de votre entreprise ? De quelles compétences en gestion comptable disposez-vous ? Quels logiciels pensez-vous utiliser ? Quel niveau de risque acceptez-vous en matière fiscale notamment ?

Effectuer toutes les tâches comptables seul, sans les conseils d’un expert, ne doit pas mettre votre business en péril !

L’évaluation des compétences et connaissances en matière de comptabilité et de fiscalité

Avez-vous bien cerné le niveau de compétences nécessaires pour réaliser correctement vos factures, enregistrer tous les mouvements comptables et déclarer les impôts et taxes ? Quelle est votre formation de base dans ces domaines ?

Un projet d’internalisation complète des tâches comptables s’envisage en revanche, si un salarié de l’entreprise dispose d’un tel profil. Évaluez avec lui sa capacité à tout prendre en charge seul.

Si nécessaire, conservez les opérations courantes en interne de la société, achats, ventes et mouvements bancaires. Et, déléguez la supervision ou la réalisation des états financiers annuels ainsi que de la liasse fiscale à un cabinet comptable.

Le choix de l’équipement informatique comptable en TPE

La seconde question qui se pose après les ressources humaines concerne les outils. La comptabilité informatisée s’impose, tout comme désormais un logiciel de facturation, avec l’arrivée imminente de la facture électronique obligatoire.

En outre, les entreprises assujetties à la TVA doivent choisir une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) pour recevoir et transmettre les factures.

Voilà un premier aperçu des logiciels que les entrepreneurs français doivent mettre en place pour réaliser seuls leur comptabilité. C’est toutefois une organisation qui peut représenter un écueil pour vous, en tant que chef d’entreprise. Mal s’équiper revient à s’exposer à des dangers.

Par exemple, le recours à de mauvais outils en ligne et gratuits, sans la présence de conseils de professionnels, peut vous coûter cher. Prendre les mauvaises décisions ou options peut entraîner des complications, voire un redressement fiscal.

L’acceptation de la prise de risques par le dirigeant

Quel que soit l’équipement logiciel réalisé par votre entreprise, si vous confirmez la volonté de tenir la comptabilité vous-même, pesez bien les risques que cela peut représenter. L’absence de conseils et d’alertes d’un expert-comptable peut conduire à vous faire courir des risques.

D’une part, vous perdez du temps à chercher la bonne information réglementaire. Parfois, vous réalisez des impasses, par méconnaissance des textes.

D’autre part, en cas de contrôle fiscal, vous vous retrouvez seul devant l’inspecteur. Cette position inconfortable peut vous laisser dans l’embarras, voire le désarroi. Une tenue comptable intégrale en solo représente un certain niveau de risque. À vous de le mesurer et de vous demander si le jeu en vaut la chandelle !